Le “Black Friday”, cet ex toxique

Rédigé par Marine

A moins que tu ne vives dans une grotte au fin fond de la forêt, tu n’as pas pu échapper aux mille et unes publicités sur les promotions pour le Black Friday. Ce fameux « vendredi noir », jour pendant lequel les commerces font des promotions de dingue, un peu avant noël. Mais d’une journée on est passé à une semaine et de promotions intéressantes, on est passé à réductions indécentes.

J-4, MAXI PROMO, OFFRES SPECIALES, BLACK FRIDAY, – 70%

Le Black Friday, c’est ce matraquage intensif qui te pousse à consommer plus, à te faire croire que tu as absolument besoin de ces produits et que tu ne peux pas passer à côté de cette affaire de dingue. Le Black Friday c’est un peu comme ton ex toxique, à revenir toujours au pire moment (coucou les impôts et les listes de noël pas encore terminées) pour te faire croire que tu ne peux pas te passer de lui.

Note à toi-même, le Black Friday est tentant mais tout aussi toxique que ton ex. Et je vais t’expliquer pourquoi .

Les origines du Black Friday

La première fois que l’expression « Black Friday » est recensée c’est en 1951 aux Etats-Unis, pour désigner le grand nombre de salariés « malades » après Thanksgiving (la dinde était pas fraiche ! L’excuse pour profiter d’un week-end de 4 jours, tmtc). Ce n’est que dans les années 60 que ce terme réapparait dans la bouche de la police de Philadelphie pour qualifier le vendredi qui suit Thanksgiving (toujours le 3ème jeudi du mois de novembre) durant lequel les commerçants font des soldes pour lancer la période de noël et qui serait donc synonyme de beaucoup de monde dans les rues, d’embouteillages et de mouvements de foule. Pour lui enlever cette connotation négative, les commerçants lui auraient donné une autre histoire : un vendredi noir, comme la couleur de l’encre qu’ils utilisent ce jour de l’année pour noter leurs chiffres excédentaires (à l’inverse de l’encre rouge utilisée quotidiennement pour  noter les pertes).

Comme tu t’en doutes, cet événement promotionnel est donc tout droit importé des Etats-Unis et ne se propage dans le reste du monde qu’autour des années 90.

C’est beaucoup plus tard que le phénomène arrive en France, en 2014 notamment avec l’essor des géants du e-commerce. D’une journée de promotions, on est passé à un week-end voire une semaine entière d’offres en tout genre, jusqu’au lundi suivant avec le “Cyber Monday“.

Clairement, toutes ces offres promotionnelles à prix cassés, des -70% en pagaille, c’est aussi tentant qu’un gros pot de Nutella. Ça donne très envie, mais on sait que c’est pas terrible. En réalité je ne te dis pas de t’en passer totalement et de le remplacer par du brocolis (déjà ça n’a rien à voir et puis le brocolis c’est quand même beaucoup moins réconfortant au mois de novembre que du bon chocolat), mais de consommer en conscience.

Tu peux te questionner sur l’impact du Nutella sur l’environnement (toi aussi tu l’as vu la photo de l’Orang-Outang tout triste sur son tout petit arbre) et te tourner vers une pâte à tartiner de bien meilleure qualité (promis, des meilleures que le Nut’, ça existe). Ou encore, t’interroger sur l’impact de ton ex toxique sur ton bien-être intérieur et te tourner vers … une pâte à tartiner haut-de-gamme 😊

Le Black Friday, cette pratique interdite par la loi

Commençons par le commencement. Avant même de t’expliquer en quoi le Black Friday n’est pas la meilleure idée pour faire des économies d’énergie et gagner quelques années de vie (uhuh mais c’est bonne ambiance par ici), je vais te faire une révélation : le Black Friday est ILLÉGAL. Oui, tu as bien lu. Illégal, interdit, prohibé. Et c’est pas moi qui le dit mais le code de la consommation, qui a été modifié par la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire du 10 février 2020.

Cet article dispose qu’est réputée trompeuse la pratique commerciale qui a pour objet :

« (…) Dans une publicité, de donner l’impression, par des opérations de promotion coordonnées à l’échelle nationale, que le consommateur bénéficie d’une réduction de prix comparable à celle des soldes (…) en dehors de leur période légale (…) ».

Article L. 121-4, 23° du code de la consommation

Autrement dit, les promotions coordonnées au niveau national, comme le Black Friday, sont interdites en dehors des traditionnelles périodes de soldes d’été et d’hiver. Mais pas de panique, aussitôt voté c’est déjà oublié ! Même si la loi existe toujours, il semble que personne ne soit prêt à l’appliquer ni à sanctionner les manquements (un peu comme un dimanche pluvieux où, sous ton plaid, tu oublies que la combi pilou-pilou est interdite depuis 2001).

Le Black Friday, cette frénésie de surconsommation

Tu pourrais te dire que consommer pendant le Black Friday, ça aide les commerçants qui peuvent espérer faire de super chiffres surtout en cette période compliquée (coucou la bonne conscience).

SAUF QUE.

Sauf que dans 90% des cas, lorsque tu achètes durant le Black Friday, tu cherches les meilleures remises et promotions, celles qui te permettront d’acheter le plus en dépensant le moins. Ne te flagelles pas, c’est exactement le message que la fast-fashion veut te faire passer. Avec cette pratique, tu consommes oui, mais chez les géants qui peuvent te proposer des prix ultra cassés tout en faisant encore de la marge (car la vente à perte est interdite).

Alors, avant de valider ce panier composé de 8 articles à prix mini bradés à – 70%, pose toi la question de savoir :

quelle marge peut bien se faire la marque lorsqu’elle le vend au prix fort ?

Et oui, si elle gagne encore de l’argent avec cette maxi promotion, je te laisse imaginer la marge qu’elle réalise sans. En moyenne, on l’estime entre x7 et x10 dans les enseignes de fast-fashion. Autrement dit, le coût total du vêtement (matières premières, salaires, transport, logistique, …) est divisé en moyenne par 7 par rapport au prix auquel toi tu l’achètes.

Tu n’as surement pas besoin de moi (ah si ?) pour pousser la réflexion plus loin, sur la rémunération de ceux qui fabriquent ces vêtements, mais aussi leurs conditions de travail.

Au-delà, le Black Friday est synonyme de surconsommation. Si à l’origine l’objectif était d’écouler les stocks, aujourd’hui les grandes enseignes n’hésitent pas à créer de nouveaux produits spécifiquement pour cette période. Production intensive, pollution massive et pression extrême des salariés (ah mais merci pour cette motivation du lundi !).

Merci la bobo écolo, maintenant que tu nous as bien culpabilisé on a juste envie de se réconforter avec un pot de Nutella ou chez…  

NON ! Non, non et non. Je t’arrête tout de suite et te dégaine mon meilleur pot (je veux pas faire de pub mais Lucien Georgelin c’est vreuuuuuument …).

Les alternatives au Black Friday

Comme je te le disais, à la base de la base le Black Friday a pour objectif d’aider les commerçants à écouler leurs stocks et à remonter leurs chiffres. A écrire en noir dans leurs livres de comptes et plus en rouge. Ça permettait aussi aux clients de faire quelques petites affaires pour les cadeaux de noël.

Beaucoup de jeunes marques, petits commerçants, tentent de remettre cette idée au cœur de cette période. Leurs marges sont beaucoup plus faibles que celles pratiquées dans la fast-fashion et, au-delà de leurs valeurs, il leur est absolument impossible de pratiquer les mêmes offres. Mais pour répondre à tes attentes et aussi pour te remercier de ton soutien et ta fidélité, ils sont de plus en plus nombreux à faire des petites offres pendant cette période.

Que ce soit -10% sur ta commande, les frais de livraison offerts, ou un petit cadeau en plus de ton achat, sache que pour les jeunes marques c’est un réel coût et que pour elles ça veut dire beaucoup (ah non ça c’est France Gall qui le dit).

Alors plutôt que de remplir ton panier Z*ra des 8 articles que tu retrouveras sur le dos de tout le monde (oui, même tatie Monique), pourquoi tu n’irais pas acheter une (belle) pièce d’une « jeune » marque pour la soutenir pendant cette période et profiter de l’offre, aussi petite soit-elle, qu’elle te propose ?

N’hésite pas aussi à attendre un peu, beaucoup décident de prendre le contre-pied et de proposer des offres après la période du Black Friday.

D’ailleurs, il se trame peut-être quelques chose chez People Next Door pour début décembre. Reste à l’affût des prochaines infos !

Sources

Et puisque citer ses sources c’est aussi important que manger 5 fruits et légumes du bon chocolat devant notre 12ème film de noël de la semaine :

  • francetvinfo.fr : le black Friday vient-il vraiment d’une tradition esclavagiste ?
  • economiedenergie.fr : Impact écologique du Black Friday : secteurs, e-commerce et transports
  • zerowastefrance.org : Black Friday : une catastrophe écologique et sociale qui perdure en dépit de la loi
  • economie.gouv.fr : la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire
  • Article L 121-4 du code de la consommation

Comment la mode éthique te permet de concilier ton amour du shopping avec celui de la raclette au mois de novembre ?

Mode éthique, mode durable, éco-responsable, slowfashion, mode consciente, … tu as forcément entendu ces mots et tu t’es certainement dit que ça faisait très bobo parisien/bordelais/lyonnais/choisi ta ville. Petit latte macchiato (avec du lait d’amande parce qu’on est intolérant au lactose) en terrasse le dimanche matin avec sa bande de copains.

Ça sent Les Petits Mouchoirs à plein nez cette affaire.

OUI, MAIS.

Oui mais, ce n’est pas qu’une tendance, une « trend » comme on dit sur les réseaux, mais bien une nécessité et je vais t’expliquer pourquoi.

Tu l’auras remarqué, on a eu très chaud cet été. D’ailleurs, nous sommes le 27 octobre le jour où j’écris ces lignes, je suis à Toulouse et la température annoncée pour la journée est de 26 degrés. Autant te dire que ma soirée raclette n’est pas pour tout de suite. Ô désespoir.

Le lien entre la raclette et la mode éthique ? La fast-fashion. Tant qu’on favorisera ce mode de production, on ne pourra plus manger de raclette les 27 octobre, sauf avec le ventilateur allumé.

Avant de te définir la mode éthique et son intérêt, je vais d’abord t’expliquer un peu plus ce qu’est la fast-fashion et les conséquences désastreuses que sa consommation massive engendre.

Et pourquoi elle nous parle de raclette la dame ?

La fast fashion et ses conséquences

La fast-fashion ou en français « mode rapide » mais qu’on peut aussi appeler « mode éphémère » ou « mode jetable » est un segment de l’industrie de la mode qui consiste à renouveler les collections plusieurs fois par an, voire plusieurs fois par mois. On parle traditionnellement de fast-fashion pour désigner certaines grandes enseignes de mode mondialement connues, dont Z*ra en serait le précurseur.

L’objectif de cette multiplication des collections est double : créer une impression de nouveauté et un sentiment de nécessité.  Les clients de fast-fashion ont l’impression que chaque nouvelle collection est une nouvelle tendance de mode et qu’il est nécessaire de se la procurer.

Jean-Michel aime collectionner les timbres et moi j’aime collectionner les vêtements : où est le problème ? (début de l’instant culpabilité)

Le problème (ou devrais-je dire LES problèmes), c’est la production massive de textiles qui demande une surproduction de matières premières (comme le coton par exemple), qui elle-même demande une surconsommation d’eau et d’énergie.

Mais ce n’est pas tout !

C’est aussi la production de matières chimiques polluantes , une production accrue de CO2 notamment en raison du transport fréquent par avion de ces nouvelles collections et enfin un non-respect des droits humains et des normes internationales des droits du travail et des travailleurs.

Tu connais forcément le scandale de l’exploitation des Ouïghours en Chine, mais sache que les conditions de travail au Bengladesh ou au Vietnam ne sont, la plupart du temps, pas beaucoup mieux. Non, l’absence de jours de repos n’est pas un mythe, tout comme les salaires dérisoires (même pour ces pays) et encore moins le travail des enfants.

Alors si on fait le bilan, la fast-fashion c’est : la surproduction de textile, la pollution de l’environnement (et donc l’accélération du dérèglement climatique, ça va de pair), le non-respect des droits humains et des normes internationales, voire même de l’esclavagisme.  

Et tout ça pour quoi ? Pour qu’on puisse acheter pas cher notre petit top qu’on portera deux semaines avant de le vendre sur V**ted voire de le mettre à la poubelle pour acheter celui de la nouvelle collection (fin de l’instant culpabilité).

La mode éthique, le compromis pour continuer à aimer s’habiller sans (trop) culpabiliser

Certains te diront qu’il faudrait tout simplement arrêter de consommer de la mode parce que pour rappel, c’est quand même une des industries les plus polluantes au monde (ok ok, j’arrête la culpabilité). Oui mais, on n’est pas encore dans Un indien dans la ville, et se balader nu dans la rue est interdit (alors qu’on le sait que « vivons nu pour vivre heureux ! »).

Et si tu aimes la mode autant que moi, tu as envie de continuer à te faire plaisir avec tes vêtements.

L’idée qui se cache derrière la mode éthique est d’avoir un impact le plus minime possible sur l’environnement et les humains. Ceux qui te parlent d’impact positif font (peut-être sans le savoir) du greenwashing, mais on peut au moins parler de faible impact.

Comment ? Plusieurs moyens existent et quand ils sont combinés, cela donne la mode éthique.

Il n’existe pas de définition précise de la mode éthique mais si je devais la définir, je dirais que c’est la combinaison de plusieurs initiatives permettant de respecter au mieux les droits sociaux et environnementaux.

C’est déjà une production raisonnée, c’est-à-dire en petites séries pour limiter la production textile, ses impacts sur l’environnement et les déchets qu’elle engendre.

C’est également l’utilisation de matières naturelles, écologiques et encore mieux labelisées quand c’est possible.

C’est aussi favoriser une production plus locale, pour éviter l’émission massive de C02 due aux transports, mais aussi pour s’assurer du respect des droits humains.

La mode éthique a un coût, c’est vrai. Elle ne te proposera pas un tee-shirt à 5 euros (ni à 10 euros d’ailleurs), mais demande toi quelle est la qualité du produit et quel est le salaire du travailleur qui l’a confectionné quand tu paies ce prix si dérisoire pour ton tee-shirt ?

I’m asking right now !

Acheter éthique te garantit de la qualité, de l’originalité mais aussi une bonne conscience (il ne s’agit pas ensuite d’aller faire des drifts avec ta Renault 5 Turbo).

Acheter éthique c’est aussi et surtout repenser ta manière de consommer la mode et d’envisager ton dressing. C’est consommer moins, mais mieux. C’est investir dans quelques belles pièces qui te ressemblent vraiment, c’est arrêter de vouloir s’habiller comme tout le monde, de suivre les tendances coûte que coûte. C’est oser s’écouter, s’affranchir des règles toutes faites et surtout assumer son propre style.

Et parce qu’un coup de cœur (je parle du vrai et pas celui poussé par la publicité) arrive parfois, la seconde-main est un bon compromis pour acheter des marques conventionnelles sans participer à la surconsommation. Mais toujours avec modération (et encore lui !).

Il existe encore une multitude d’initiatives qui pourraient entrer dans le spectre de la mode éthique (l’upcycling, le DIY, ..), mais je préfère laisser le soin aux spécialistes d’en parler à ma place (je suis de ces personnes qui se coupent avec une enveloppe alors ne me demande pas de toucher une machine à coudre).   

Sources

Parce qu’un article sans citer ses sources c’est comme une raclette sans cornichons (impensable) :

  • Oxfamfrance.org : article « Fast fashion et slow fashion : définitions et enjeux »
  • Wikipédia.org : article « Fast fashion »

Pourquoi faut-il dire NON aux matières chimiques conventionnelles ?

T’as déjà senti une ballerine après une journée shopping un 12 juillet ? Non ? Je ne te conseille vraiment pas.

La très grande majorité des vêtements que nous portons aujourd’hui est composée de matières chimiques.

Peu couteuse, légère, infroissables, elles ont beaucoup d’avantages. (les ballerines aussi et pourtant …). Ton dressing est d’ailleurs surement rempli de vêtements composés de ces matières.

Il existe deux grandes catégories de matières chimiques, celles issues de fibres synthétiques (à base de produits dérivés du pétrole) et les matières artificielles (à base de végétaux transformés chimiquement).

Là ! Tu sens venir le problème ? Allez, suis moi !

Focus fibres chimiques conventionnelles

Comment ça, Katie ne porte pas de sabots ?
Ce ne sont clairement pas des ballerines

Les fibres synthétiques : issues de la pétrochimie, toutes ces matières ont été créées artificiellement à partir de produits dérivés du pétrole (hydrocarbures). De là à dire que ta petite blouse Z*ra pourrait démarrer ta Kangoo, il n’y a qu’un pas (?).
Ex : Polyester, élasthanne, acrylique, polyamide, …

Les fibres artificielles : issues d’une matière première d’origine végétale comme le bois (pin, bambou, …) ces fibres n’existent pas à l’état naturel. La matière est ensuite traitée avec des produits chimiques comme de la soude ou de l’acide citrique pour transformer le tout en pâte qui sera étirée et transformée en fibres (et non je ne parle pas de Breaking Bad).
Ex : Viscose (ou rayonne), modal, lyocell, …

Tu me vois venir avec mes gros – mais très stylés – sabots ? Ces matières ne sont absolument pas friendly pour notre santé et celle de la planète.

Les conséquences de la fabrication et l’utilisation de ces matières

Pour que tu prennes réellement conscience de l’impact de la fabrication et l’utilisation de ces matières, voici une liste (non exhaustive), des conséquences que cela engendre (ah oui, c’est moins drôle qu’un épisode de Friends) :

  • Augmentation des maladies des travailleurs au sein des usines de fabrication (manipulation de produits hautement toxiques et cancérigènes et absence d’équipement de protection adapté) ;
  • Déforestation massive pour la création des matières artificielles issues du bois ;
  • Pollution des eaux avec le déversement de ces produits chimiques, toxiques et non réutilisables dans les cours d’eau ;
  • Surconsommation de l’eau pour la création des fibres (de 4 000 à 11 000 litres d’eau pour 1 kilo de viscose) ;
  • Pollution des océans par les microfibres à chaque lavage de nos vêtements en fibres chimiques.

Les microfibres de nos vêtements, c’est-à-dire celles qui sont tellement petites qu’on ne les voit pas à l’œil nu, se détachent lors du lavage et ne peuvent être filtrées par les stations d’épuration au regard de leur taille. Ainsi, le lavage de nos vêtements en fibres synthétiques (et donc plastiques), relâche chaque année l’équivalent de 50 milliards de bouteilles plastiques dans les océans.

Alright Commandant Cousteau, mais quelles sont les alternatives ?

Les alternatives aux matières chimiques conventionnelles

Les matières Lenzing™

Outre les matières naturelles (coton, lin, …), il existe aujourd’hui des fibres artificielles bien plus respectueuses de l’environnement, dont les plus connues aujourd’hui sont fabriquées par l’entreprise autrichienne Lenzing, certifiées EU EcoLabel.

Les matières brevetées Lenzing™ sont toutes issues de fibres de végétaux et mélangées à des solvants organiques et réutilisables. Le procédé de fabrication est le même que la viscose conventionnelle, mais ici les végétaux sont issus de forêts certifiées FCS et PEFC (gestion durable) et nécessitent beaucoup moins d’eau pour leur culture (ex : eucalyptus).

Ajoute à ça des solvants organiques et non toxiques qui sont réutilisés jusqu’à épuisement pour minimiser l’impact environnemental de la production et ça te donne des matières fabriquées en circuit fermé, certifiées biodégradables, compostables et qui ne t’obligeront pas à jouer un mauvais remake de « Sauver Willy » parce que tu l’aurais étouffé avec des microfibres de plastique à chaque lavage de ton tee-shirt de sport préféré.

Les matières de Lenzing les plus utilisées sur le marché de l’habillement sont :

Le Modal® (ou Micromodal) Lenzing™

L’EcoVero™ (ou viscose EcoVero™)

Le Tencel™ Lenzing (équivalent de la matière lyocell)

Attention, tout comme la viscose conventionnelle, le modal et le lyocell peuvent être fabriqués par d’autres entreprises que Lenzing et donc dans des conditions beaucoup moins éthiques et écologiques.

Seules les marques Tencel™ et EcoVero™, qui appartiennent à l’entreprise Lenzing, sont écologiquement fiables.

Les autres fibres artificielles écologiques

Il existe encore bien d’autres fibres artificielles dites « écologiques », mais la plupart sont encore très peu exploitées dans l’industrie textiles et ne sont pas garanties par des labels.

C’est le cas du Cupro (ou Bemberg®) qui une alternatives moins connue mais tout aussi intéressante que la saison 2 de la Chronique des Bridgerton.

Cette matière est issue des graines de coton (appelées linter de coton), habituellement jetées par l’industrie textile et qui sont trempées dans une solution d’oxyde de cuivre et d’ammonium, solvant non toxique, le tout en circuit fermé. Tout comme les matières Lenzing™, ce Cupro est garanti compostable et biodégradable.

Le Cupro (ou Bemberg®) déposé appartient à une société japonaise qui est, à ce jour, la seule usine de fabrication de Cupro labellisée Oeko-Tex et à garantir un processus de fabrication non toxique pour l’humain et l’environnement.

On peut citer aussi la viscose LivaEco™ de la marque Birla Cellulose. Cette viscose est également issue de forêts certifiées durables FSC et son procédé de fabrication permet d’économiser 900 litres d’eau par rapport à la fabrication d’autres fibres naturelles. C’est également une matière qui émet 300 grammes de gaz à effet de serre en moins par rapport aux autre fibres naturelles durant son processus de fabrication et elle se biodégrade totalement en 6 semaines. Enfin, tout comme chez Lenzing™, le processus de fabrication se fait en circuit fermé pour une réutilisation des produits jusqu’à épuisement afin d’être le plus respectueux possible de l’environnement.

Sources

Parce que citer ses sources est encore plus indispensable que de chanter Céline Dion sous la douche :

  • Article National Geographic : Les océans sont pollués par le lavage de nos vêtements
  • Fascicule « The Fiber Lab Episode 1 : Les fibres chimiques » de la Fédération Maille, Lingerie et Balnéaire
  • Site Ademe : infographie « La mode sens dessus dessous »

Pourquoi il ne suffit plus de dire « je ne porte plus que du coton » en 2022 ?

Le coton est une fibre naturelle végétale qui recouvre les graines d’un arbuste appelé le cotonnier et qui pousse essentiellement dans les pays chauds.

Avant de devenir ton tee-shirt préféré, cette fibre naturelle est récoltée et nettoyée pour être filée (transformée en fil) puis compressée dans des énormes balles qui seront envoyées dans des manufactures. C’est ici que le fil de coton deviendra tissu, qui lui-même sera acheté par les marques pour devenir la plus belle pièce de ton dressing.

Ce n’est pas parce que le coton est une matière naturelle que sa culture et sa transformation en tissu n’ont pas d’impact négatif sur l’environnement et les humains.

Pour te le prouver, voici quelques chiffres qui nous rendent aussi tristes que le moment où Rose ne laisse pas de place à Jack sur la planche de bois (alors qu’elle poussait se pousser, vraiment) :

  • 18 millions de tonnes : c’est la production mondiale de coton par an (Inde et Chine en 1ère ligne) ;
  • 11% de l’utilisation mondiale des pesticides et engrais est dédiée à la production du coton ;
  • 98% du coton cultivé en Inde est génétiquement modifié ;
  • 50 ans : le temps nécessaire pour assécher la mer d’Aral (4ème plus grand lac au monde, situé entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan) pour l’irrigation du coton et du blé ;

Tu te demandes si ces chiffres ont des conséquences aussi tristement dramatiques que la séparation de Brad Pitt et Jennifer Aniston ?

SPOILER ALERT, OUI.

  • L’utilisation massive des engrais et pesticides pour la culture du coton entraine la pollution des sols puis des nappes phréatiques, lacs et toute autre source d’eau douce ;
  • Le coton génétiquement modifié est breveté, entrainant l’obligation pour les agriculteurs qui l’utilisent de contracter de gros emprunts pour payer une redevance aux entreprises détentrices de ces brevets (M*nsanto pour ne pas les citer). En Inde, un grand nombre de paysans endettés se sont suicidés.
  • L’assèchement de la mer d’Aral a entrainé la disparition de 28 espèces de poissons qui s’y trouvaient mais également une hausse des cancers dans la région en raison de la dispersion des pesticides restés à la surface du sol asséché.

Alors Bernie, on fait quoi ?

On devient EXIGEANT. On ne se contente plus d’acheter des vêtements en coton « parce que c’est naturel », mais on recherche à minima du coton biologique (qui garantit une culture – presque – sans pesticide et moins consommatrice d’eau), et encore mieux, du coton labellisé.

Il existe un grand nombre de labels et certifications, tous n’apportent pas les mêmes garanties. Voici, selon People Next Door, ceux qu’on peut retrouver le plus facilement et auxquels se fier :

OEKO-TEX® STANDARD 100

Cette certification indépendante assure que le vêtement ne contient aucune substance toxique, c’est-à-dire aucun résidu de pesticide ni métaux lourds. Pour autant, il ne garantit pas que le tissu est issu de fibres biologiques, ni des conditions de travail décentes.

FAIRTRADE INTERNATIONAL

Ce label issu d’une ONG indépendante a surtout un impact social. Il garantit une rémunération juste et stable du producteur mais également de bonnes conditions de travail. Certains critères environnementaux sont appliqués, comme l’interdiction d’utilisation de semences OGM.

GLOBAL ORGANIC TEXTILE STANDARD – GOTS

Ce label indépendant garantit un textile issu de fibres biologiques (minimum 70%), l’absence totale de substances toxiques et d’utilisation de semences OGM. Il garantit également des conditions de travail dignes sur la partie conception du produit, mais pas sur la partie culture du coton.

Focus Greenwashing

Un label ou une certification ne garantit pas forcément un produit éthique. Il est donc nécessaire que tu te renseignes lorsque tu découvres un label que tu ne connais pas.

Exemple du label BCI pour « Better Cotton Initiative »

Ce label a été fondé par l’association du même nom, à l’initiative de la fondation WWF et de grandes enseignes de mode (H&, Ad*das, ..). On retrouve ce label dans la majorité des collections « green » des grandes marques de fast-fashion.

Ce label signifie simplement que la marque est membre de cette association qui promeut des bonnes pratiques à mettre en place dans le temps, notamment pour une culture du coton plus éco-responsable.

Autrement dit, aucune garantie que le coton soit biologique, ni sans produit toxique et encore moins que le vêtement ait été conçu dans des usines qui respectent la dignité des travailleurs !

Sources

Parce que citer ses sources est bien plus indispensable qu’un combo claquettes/chaussettes :

  • Site Statista : production mondiale de coton par pays
  • Site Ademe : infographie « la mode sens dessus dessous »
  • Article GreenPeace : Mode éthique ou fast-fashion ?
  • Rapport ONU pour l’alimeArtntation et l’agriculture : Mesurer la durabilité des systèmes de culture du coton
  • Article National Geographic : « Disparition de la mer d’Aral : les causes d’un désastre écologique »
  • Site : Infolabel.be
  • Livre « Mon dressing heureux » de Céline Séris