Mode éthique, mode durable, éco-responsable, slowfashion, mode consciente, … tu as forcément entendu ces mots et tu t’es certainement dit que ça faisait très bobo parisien/bordelais/lyonnais/choisi ta ville. Petit latte macchiato (avec du lait d’amande parce qu’on est intolérant au lactose) en terrasse le dimanche matin avec sa bande de copains.
Ça sent Les Petits Mouchoirs à plein nez cette affaire.
OUI, MAIS.
Oui mais, ce n’est pas qu’une tendance, une « trend » comme on dit sur les réseaux, mais bien une nécessité et je vais t’expliquer pourquoi.
Tu l’auras remarqué, on a eu très chaud cet été. D’ailleurs, nous sommes le 27 octobre le jour où j’écris ces lignes, je suis à Toulouse et la température annoncée pour la journée est de 26 degrés. Autant te dire que ma soirée raclette n’est pas pour tout de suite. Ô désespoir.
Le lien entre la raclette et la mode éthique ? La fast-fashion. Tant qu’on favorisera ce mode de production, on ne pourra plus manger de raclette les 27 octobre, sauf avec le ventilateur allumé.
Avant de te définir la mode éthique et son intérêt, je vais d’abord t’expliquer un peu plus ce qu’est la fast-fashion et les conséquences désastreuses que sa consommation massive engendre.
La fast fashion et ses conséquences
La fast-fashion ou en français « mode rapide » mais qu’on peut aussi appeler « mode éphémère » ou « mode jetable » est un segment de l’industrie de la mode qui consiste à renouveler les collections plusieurs fois par an, voire plusieurs fois par mois. On parle traditionnellement de fast-fashion pour désigner certaines grandes enseignes de mode mondialement connues, dont Z*ra en serait le précurseur.
L’objectif de cette multiplication des collections est double : créer une impression de nouveauté et un sentiment de nécessité. Les clients de fast-fashion ont l’impression que chaque nouvelle collection est une nouvelle tendance de mode et qu’il est nécessaire de se la procurer.
Jean-Michel aime collectionner les timbres et moi j’aime collectionner les vêtements : où est le problème ? (début de l’instant culpabilité)
Le problème (ou devrais-je dire LES problèmes), c’est la production massive de textiles qui demande une surproduction de matières premières (comme le coton par exemple), qui elle-même demande une surconsommation d’eau et d’énergie.
Mais ce n’est pas tout !
C’est aussi la production de matières chimiques polluantes , une production accrue de CO2 notamment en raison du transport fréquent par avion de ces nouvelles collections et enfin un non-respect des droits humains et des normes internationales des droits du travail et des travailleurs.
Tu connais forcément le scandale de l’exploitation des Ouïghours en Chine, mais sache que les conditions de travail au Bengladesh ou au Vietnam ne sont, la plupart du temps, pas beaucoup mieux. Non, l’absence de jours de repos n’est pas un mythe, tout comme les salaires dérisoires (même pour ces pays) et encore moins le travail des enfants.
Alors si on fait le bilan, la fast-fashion c’est : la surproduction de textile, la pollution de l’environnement (et donc l’accélération du dérèglement climatique, ça va de pair), le non-respect des droits humains et des normes internationales, voire même de l’esclavagisme.
Et tout ça pour quoi ? Pour qu’on puisse acheter pas cher notre petit top qu’on portera deux semaines avant de le vendre sur V**ted voire de le mettre à la poubelle pour acheter celui de la nouvelle collection (fin de l’instant culpabilité).
La mode éthique, le compromis pour continuer à aimer s’habiller sans (trop) culpabiliser
Certains te diront qu’il faudrait tout simplement arrêter de consommer de la mode parce que pour rappel, c’est quand même une des industries les plus polluantes au monde (ok ok, j’arrête la culpabilité). Oui mais, on n’est pas encore dans Un indien dans la ville, et se balader nu dans la rue est interdit (alors qu’on le sait que « vivons nu pour vivre heureux ! »).
Et si tu aimes la mode autant que moi, tu as envie de continuer à te faire plaisir avec tes vêtements.
L’idée qui se cache derrière la mode éthique est d’avoir un impact le plus minime possible sur l’environnement et les humains. Ceux qui te parlent d’impact positif font (peut-être sans le savoir) du greenwashing, mais on peut au moins parler de faible impact.
Comment ? Plusieurs moyens existent et quand ils sont combinés, cela donne la mode éthique.
Il n’existe pas de définition précise de la mode éthique mais si je devais la définir, je dirais que c’est la combinaison de plusieurs initiatives permettant de respecter au mieux les droits sociaux et environnementaux.
C’est déjà une production raisonnée, c’est-à-dire en petites séries pour limiter la production textile, ses impacts sur l’environnement et les déchets qu’elle engendre.
C’est également l’utilisation de matières naturelles, écologiques et encore mieux labelisées quand c’est possible.
C’est aussi favoriser une production plus locale, pour éviter l’émission massive de C02 due aux transports, mais aussi pour s’assurer du respect des droits humains.
La mode éthique a un coût, c’est vrai. Elle ne te proposera pas un tee-shirt à 5 euros (ni à 10 euros d’ailleurs), mais demande toi quelle est la qualité du produit et quel est le salaire du travailleur qui l’a confectionné quand tu paies ce prix si dérisoire pour ton tee-shirt ?
Acheter éthique te garantit de la qualité, de l’originalité mais aussi une bonne conscience (il ne s’agit pas ensuite d’aller faire des drifts avec ta Renault 5 Turbo).
Acheter éthique c’est aussi et surtout repenser ta manière de consommer la mode et d’envisager ton dressing. C’est consommer moins, mais mieux. C’est investir dans quelques belles pièces qui te ressemblent vraiment, c’est arrêter de vouloir s’habiller comme tout le monde, de suivre les tendances coûte que coûte. C’est oser s’écouter, s’affranchir des règles toutes faites et surtout assumer son propre style.
Et parce qu’un coup de cœur (je parle du vrai et pas celui poussé par la publicité) arrive parfois, la seconde-main est un bon compromis pour acheter des marques conventionnelles sans participer à la surconsommation. Mais toujours avec modération (et encore lui !).
Il existe encore une multitude d’initiatives qui pourraient entrer dans le spectre de la mode éthique (l’upcycling, le DIY, ..), mais je préfère laisser le soin aux spécialistes d’en parler à ma place (je suis de ces personnes qui se coupent avec une enveloppe alors ne me demande pas de toucher une machine à coudre).
Sources
Parce qu’un article sans citer ses sources c’est comme une raclette sans cornichons (impensable) :
- Oxfamfrance.org : article « Fast fashion et slow fashion : définitions et enjeux »
- Wikipédia.org : article « Fast fashion »